La Brève Juridique
du Centre Hospitalier de Cadillac

1er SEMESTRE 2019

 

 

FOCUS :

Nouveautés concernant la prise en charge

des majeurs protégés en établissement de santé

 

 

La loi de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice du 23 mars 2019 a apporté des modifications, dont certaines sont susceptibles de concerner la prise en charge des majeurs protégés en établissement de santé. Celles-ci sont précisées par la circulaire du 25 mars 2019 relatives aux dispositions civiles de la loi.

Dispositions relatives à la mise en place d’une mesure de protection

La loi institue une évaluation sociale pluridisciplinaire de la situation du majeur à protéger en cas de saisine du procureur, hors les cas de saisine familiale. L’entrée en vigueur de la loi est soumise à la définition par voie réglementaire de la nature et des modalités de recueil des informations ; un décret va donc être pris pour encadrer cette évaluation et préciser son contenu, il sera rédigé conjointement par le ministère de la justice et le ministère des solidarités et de la santé.

Par ailleurs, l’habilitation familiale est élargie aux situations d’assistance. Une passerelle est instaurée pour permettre au juge saisi d’une demande de mesure de protection judiciaire de désigner une personne habilitée s’il estime qu’une habilitation familiale est plus adaptée à la situation de la personne protégée ou, à l’inverse, de prononcer une curatelle ou une tutelle s’il estime que l’habilitation familiale ne répond pas au besoin de protection d’un majeur. Cette passerelle entre en vigueur immédiatement, bien qu’un décret soit attendu pour harmoniser le traitement procédural des requêtes aux fins de mise sous protection.

Dispositions relatives au consentement aux soins

Le nouvel article 459 du code civil précise désormais qu’en cas de tutelle à la personne et d’habilitation familiale, c’est la personne en charge de la protection ou la personne habilitée qui représente le majeur protégé, y compris pour les actes portant gravement atteinte à l’intégrité corporelle.

L’intervention du juge en matière de santé est recentrée sur les situations de désaccord entre le majeur protégé et la personne en charge de sa protection. La décision du juge porte alors sur la désignation de la personne apte à consentir à l’acte médical et non sur l’autorisation de l’acte. Les cas d’urgence restent exclus du dispositif.

Dispositions relatives au droit de vote

La loi interdit dorénavant de priver les majeurs en tutelle de leur droit de vote. Elle permet aux majeurs qui en ont été privés préalablement d’être de nouveau titulaires de ce droit, dès l’entrée en vigueur de la loi. Des mesures spécifiques ont été adoptées qui ont permis à ce nouveau droit de s’appliquer par dérogation dès les élections européennes de mai 2019, sous réserve d’une inscription sur les listes électorales.

Par ailleurs, le code électoral détermine désormais qui peut recevoir procuration électorale de la part de la personne protégée, tendant à exclure les tuteurs professionnels, mais non les tuteurs familiaux.

 

L’article 9 de la loi habilite enfin le gouvernement à mettre en cohérence les dispositions du code de la santé publique, du code de l’action sociale et des familles et du code civil afin d’améliorer l’articulation des textes relatifs aux majeurs protégés et de préciser les conditions de désignation et d’intervention des personnes chargées de la protection et des personnes de confiance. L’ordonnance devrait être prise dans le délai d’un an.

 

 

Actualité Documentaire

 

Charte d’hospitalisation en psychiatrie

Une charte d’hospitalisation en psychiatrie, élaborée par l’EPSM de l'agglomération lilloise, est promue par le Ministère de la santé. Il s’agit d’une charte sur les conditions de séjour dans les unités d’hospitalisation de psychiatrie. Celle-ci est destinée à informer notamment sur le contenu des soins, les règles de vie, les visites, l’usage du téléphone portable mais également sur les recours possibles du patient s’il estime que ses droits ne sont pas respectés.

 

Avis du 17 décembre 2018 relatif à la prise en charge sanitaire des personnes étrangères au sein des centres de rétention administrative

Le CGLPL émet notamment dans cet avis des recommandations quant à l’exercice des droits pendant l’hospitalisation des personnes retenues, à l’accès aux soins psychiatriques et au mode d’hospitalisation d’une personne retenue en service de psychiatrie.

 

 

Veille législative & réglementaire

 

Décret n°2019-412 du 6 mai 2019 modifiant le décret n°2018-383 du 23 mai 2018 autorisant les traitements de données à caractère personnel relatifs au suivi des personnes en soins psychiatriques sans consentement

 

Ce décret autorise la mise en relation entre les traitements HOPSYWEB et FSPRT des noms, prénoms et dates de naissance, et a pour objet la prévention de la radicalisation.

 

Loi n°2019-485 du 22 mai 2019 visant à favoriser la reconnaissance des proches aidants

 

La loi ajoute notamment au dossier médical partagé un volet où pourront être renseignés le nom des personnes ayant qualité de proche aidant et/ou de proche aidé (entrée en vigueur du dispositif le 23/11/2019).

 

Ordonnance n° 2018-1125 du 12 décembre 2018 relative à la protection des données personnelles et portant modification de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978, et décrets d’application :

-       Décret n° 2018-1117 du 10 décembre 2018 relatif aux catégories de documents administratifs pouvant être rendus publics sans faire l'objet d'un processus d'anonymisation 

-       Décret n° 2019-536 du 29 mai 2019 qui harmonise l’état du droit, adapte certaines règles procédures devant la CNIL et précise les droits des personnes concernées.

 

Loi n° 2019-222 du 23 mars 2019 de réforme pour la justice et circulaire du 25 mars 2019 de présentation des entrées en vigueur des dispositions civiles de la loi de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice (voir FOCUS ci-dessus).

 

 

 

 

Veille jurisprudentielle

 

Cour de cassation, 22 novembre 2018

La cour considère qu’il appartient au JLD de solliciter la communication des pièces critiquées dès lors qu’elles ne sont pas au nombre de celles dont les textes prévoient la communication systématique du juge.

 

Conseil d’Etat, 28 décembre 2018

Le Conseil d’Etat rejette la demande de QPC portée par le CRPA au sujet de l’article L3213-7 du CSP qui s’applique aux personnes hospitalisées pénalement irresponsables, considérant que les dispositions spécifiques de l’article L.3213-7 du CSP apportent les garanties suffisantes en matière de respect des droits des patients.

 

Conseil d’Etat, 12 mars 2019

Le Conseil d’Etat reconnaît dans cette décision la faute du centre hospitalier d’avoir tardé à annoncer le décès d’un patient à sa famille, entraînant une souffrance morale qui ouvre droit à réparation.

 

Avis du Conseil d’Etat, 29 mai 2019 n°426519

Le Conseil d’Etat estime dans cet avis que la saisine de la commission de conciliation et d’indemnisation (CCI) vaut demande préalable formée devant le centre hospitalier au sens de l’article R.421-1 du CJA. Il précise également les règles de calcul en matière de computation des délais de recours devant le tribunal administratif à la suite d’une saisine de la CCI.

Copyright © 2018 Centre Hospitalier de Cadillac, Tous droits réservés.
Centre Hospitalier de Cadillac - 89, rue Cazeau Cazalet - 33 410 Cadillac sur Garonne
info@ch-cadillac.fr

 

Direction de la publication : Marie-Pierre RENON, directrice déléguée
Rédaction : Florence HITIER - BRANDEL, juriste



Si vous ne désirez plus recevoir notre brève juridique,
cliquez ici